En cette fête de l’Assomption, nous célébrons la Vierge Marie «élevée en corps et en âme à la gloire céleste» (Pie XII). Cette réalité spirituelle si belle et si profondément ancrée dans le cœur des catholiques – qui en ont fait un dogme en 1950 – est rendue par le mot latin assumptio, simplement décalqué en français. Il veut dire que Marie a été prise dans la gloire de la résurrection de son Fils, et introduite dans la vie céleste. Après sa mort, le corps qui avait porté le corps du Sauveur ne pouvait pas connaître la corruption du tombeau. Marie, proclamée «Mère de Dieu» (théotokos) par le concile d’Éphèse en 431, participe du mystère de la vie divine. Chantée par l’Église dans son rôle de médiation entre l’humanité et Jésus, comme à Cana («Ils n’ont plus de vin» – «Faites tout ce qu’il vous dira» Jn 2), elle tient une place tout à fait particulière dans l’économie du salut.
Marie de la terre et du ciel, fille des hommes et mère de Dieu; Marie de l’acquiescement, du consentement à la bienveillance de Dieu envers l’humanité. Marie comme un secret du Père, son secret amoureux, celle à qui, selon le cardinal de Bérulle, Dieu dit: «Faisons l’homme à notre image», et qui donne naissance à Jésus. Marie, femme élue dès la Genèse, en qui saint Irénée et saint Justin voyaient la nouvelle Ève, comme Jésus est le nouvel Adam; Marie par qui le Serpent est écrasé (Gn 3, 15), grâce à qui le Christ a vaincu la mort (deuxième lecture, messes de la veille et du jour. Marie, Terre promise et Porte du ciel, qui ne nous quitte pas lorsqu’elle entre dans la gloire de son Fils, mais nous conduit vers notre visage à venir, vers l’enfant que nous portons en nous et que nous sommes dans l’amour de Dieu (cf. 1Jn 3, 2).
Les textes des deux messes de l’Assomption convoquent de grandes figures fondatrices de notre foi (Adam, David, Élisabeth et Zacharie), et font briller des images fortes (l’arche de l’Alliance et les musiciens qui l’accompagnent, la Fille du roi et son ,cortège de jeunes filles, Sion, la Femme enceinte, le soleil, la lune et les étoiles, le Dragon, la Mort et son aiguillon). Ces figures et ces images énoncent l’inouï de la Bonne nouvelle et provoquent notre action de grâce que nous chantons avec Marie chez Élisabeth (évangile du jour).