Le feu sur la terre.
Nous sommes choqués lorsque Jésus, le Bon berger (verset de l’alléluia), dit qu’il est venu apporter le feu sur la terre et la division entre les hommes. Où est la paix promise par les anges à Bethléem (Lc 2, 14) et donnée par le Ressuscité à ses disciples (Lc 24, 36)? Et la belle prière de Jésus la veille de sa Passion: «Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi» (Jn 17, 21)? Pourquoi donc ces paroles terrifiantes: «Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé!» et «Je ne suis pas venu mettre la paix sur la terre mais plutôt la division» (évangile)? De quel feu parle-t-il? Le feu qui ravage ou le feu qui purifie? Le feu de l’enfer ou le feu de l’Esprit?
Jésus est un homme de désir, un homme passionné. Il voudrait que la terre soit embrasée d’amour, ce feu dont il brûle lui-même et qui va le consumer tout entier dans sa Passion pour l’humanité et dans sa mort sur la croix.
La Parole de Dieu est «un feu dévorant». Jésus désire embraser la terre du feu de l’Esprit, du feu de la Pentecôte. Jean le Baptiste déjà avait présenté Jésus comme celui qui baptiserait dans l’Esprit Saint et dans le feu (Mt 3, 11).
Mais le baptême de feu sera précédé du baptême de sang, que Jésus recevra sur la croix, dans l’angoisse. Le feu de la Pentecôte jaillira du sang de la Passion quand Jésus rendra l’Esprit: l’amour qui brûle les hommes naît du cœur transpercé de Jésus.
Ce feu est une épreuve (première lecture), un combat (deuxième lecture). Il divise comme un glaive à double tranchant (He 4, 12). Afin d’identifier la lumière et l’obscurité, le bien et le mal, il sépare pour mieux unifier et créer du nouveau, comme la parole de Dieu dans la Genèse: il n’y a d’amour et de création que dans l’altérité, dans la relation vraie de l’un à l’autre.
Rassemblés dans l’Eucharistie au nom de Dieu unique et trinitaire, nous participons au baptême de feu de Jésus dont la nature divine et la nature humaine sont unies sans confusion, et distinctes sans séparation. Avec lui, nous rendons grâce au Père dans l’Esprit!