On ne peut pas servir Dieu et l’Argent
Nous avons déjà rencontré la pensée de Jésus sur l’usage des biens et de l’argent (18e et 23e dimanches). La parabole du gérant malhonnête, propre à Luc, est un petit bijou littéraire, un dialogue tout en vivacité (évangile). Elle nous amuse mais nous surprend aussi car Jésus y fait l’éloge de la malhonnêteté. Faut-il imiter l’escroquerie du gérant? Certes non, mais son habileté est louée, car Jésus relève qu’il est possible de faire un bon usage de l’argent en faveur des pauvres. Si l’argent est un piège dont on devient vite esclave et qui vous aveugle au point de vous faire commettre des injustices (première lecture), les disciples, «fils de la lumière», doivent apprendre à en user habilement pour se faire des amis qui les accueilleront dans le Royaume, où les pauvres seront des princes (psaume). Pourquoi ne pas être aussi intelligents et rusés dans la vie spirituelle et relationnelle qu’on peut l’être dans la vie matérielle et financière?
Les phrases qui suivent sont liées entre elles par une série de jeux de mots en hébreu intraduisibles en français. L’Argent est ici personnifié comme une puissance qui asservit le monde. C’est pourquoi le discours de Jésus se termine sur cet avertissement solennel: on ne peut pas servir deux maîtres, Dieu et l’Argent. Cette parole s’adresse à chacun d’entre nous, comme à l’ensemble de la communauté.
Paul invite les chrétiens à prier sans relâche pour tous les hommes (deuxième lecture). Notre prière universelle, réintroduite par la réforme liturgique du dernier concile, trouve une de ses sources dans cette épître à Timothée. Avec insistance l’Apôtre recommande qu’on prie pour ceux qui détiennent le pouvoir, afin qu’ils gouvernent avec justice et que tous les hommes vivent dans la paix. C’est un service que nous rendons à nos frères de prier pour eux, c’est notre service divin. Le partage de nos biens avec eux en est le corollaire. Cette prière au seul vrai Dieu est adressée par le Christ Jésus, «seul médiateur entre Dieu et les hommes», par qui nous faisons monter vers le Père notre eucharistie.