Passer par la porte étroite
La question était récurrente chez les Juifs du temps de Jésus: combien seraient sauvés? (évangile) Chaque groupe religieux avait sa réponse, plus ou moins rigoureuse ou libérale. Selon son habitude, Jésus ne répond pas directement à la question de son interlocuteur, mais il la déplace et dit comment on peut être sauvé, c’est-à-dire vivre de la vie de Dieu, en Dieu.
«Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite.» Jésus renvoie chacun à ce présent où se joue son avenir. Notre avenir dépend de nous, de nos actes, de nos paroles. Pour se faire comprendre, il aime utiliser la parabole de la maison et du festin, un festin de noces souvent. Aujourd’hui, il se focalise sur la porte de la maison. Cette porte est étroite, non parce qu’elle serait un mode de sélection des invités ou un test éliminatoire. En fait, elle est ouverte à tous: «On viendra de l’orient et de l’occident prendre place au festin dans le Royaume de Dieu» comme l’annoncent déjà Isaïe (première lecture) et le psaume 116. Son étroitesse indique seulement qu’il faut abandonner tout bagage pour la franchir, se dépouiller de ce qui encombre le cœur et l’esprit et fait obstacle au véritable amour. La porte étroite est le lieu d’une naissance, fruit d’un dé-saisissement de soi qui seul permet de passer, parce qu’il a allégé le disciple des scories du vieil homme.
Celui qui se dira «la porte» (Jn 10, 9) et «le chemin» (Jn 14,6) est en route vers Jérusalem et sa Pâque. Il s’apprête à passer lui-même par la porte étroite qu’il nous invite à franchir avec lui sur la Croix vers la Gloire.
Tous peuvent répondre à son invitation et choisir la porte étroite en consentant, à la suite du Maître, à prendre résolument la route de Jérusalem (Lc 9,51 ). Invités au Repas du Seigneur, nous devons seulement choisir le chemin de la Croix pour être sauvés et entrer dans la vie même de Dieu. Ensemble, nous rendons grâce au Père qui nous reçoit à sa Table.