«Notre Père»
L’objectif du disciple mis en scène par Luc dans l’évangile était simplement
d’obtenir de Jésus une formule de prière. Mais Jésus prend cette demande
très au sérieux, car la prière joue un rôle essentiel dans sa vie. Les disciples,
voyant régulièrement le Maître se retirer pour prier, s’en doutent bien. Ils sont
intrigués par l’attitude de Jésus et voudraient prier comme lui.
En leur apprenant à prier, Jésus ne leur enseigne pas des formules, il leur
révèle le nom de Dieu: «Père». C’est par ce terme qu’il invoque Dieu un peu
plus haut dans l’évangile de Luc, en tressaillant de joie (10,21-22) et qu’il le
fera aussi à Gethsémani dans la sueur et les larmes (Lc 22, 42). Cette
révélation est le but de toute sa vie (cf. Jn 17, 4. 6. 11). Le disciple est ainsi
invité à partager la prière personnelle de son maître qui la lui offre. Quel plus
beau cadeau?
C’est parce que Dieu est père que les disciples peuvent lui adresser leurs
demandes, en toute confiance et avec insistance, comme Abraham l’avait fait
à Sodome (première lecture). Jésus leur enseigne donc aussi ce qu’il faut
demander à Dieu et comment le faire: «Demandez, cherchez, frappez à la
porte», dans l’humilité et la persévérance. Nous avons conscience de recevoir
tout de Dieu, jusqu’à notre pain quotidien, comme les Hébreux recevaient au
désert la manne, qui préfigurait le pain de l’eucharistie, nourriture du
Royaume.
La prière reçue du Sauveur est adressée au Père par le «nous» des disciples
et non par le «je» de chacun. «Notre Père» est la prière commune de l’Église,
qui aujourd’hui encore rassemble les enfants de Dieu se reconnaissant sauvés
par Jésus (deuxième lecture). C’est par lui et en lui que nous faisons monter
notre action de grâce vers son père qui est notre Père