Décès de M. l’abbé André Férard : Annonce et homélie

C’est avec tristesse, mais dans l’espérance de la Résurrection, que nous vous informons du décès, survenu ce mardi 10 juin 2025, de M. l’abbé André Férard, à l’âge de 82 ans.

André Férard est né à Gembloux le 22 septembre 1942. Il a été ordonné prêtre, en la cathédrale Saint-Aubain de Namur en 1966.

Il a été successivement professeur au Petit Séminaire de Floreffe, curé de Corroy-le-Château, administrateur à Boignée et Tongrinne, curé-doyen de Gembloux, modérateur des paroisses du secteur pastoral de Gembloux ; à sa retraite et s’était mis au service du doyenné de Leuze.

Les funérailles seront célébrées le vendredi 13 juin 2025 à 10h00, à Corroy-le-Château et seront suivies de l’inhumation au cimetière de Grand-Manil.
M. l’abbé André Férard repose au funérarium des pompes funèbres Libaux à Gembloux (rue Gustave Masset 33, salle mortuaire D) où les visites sont souhaitées ces mercredi 11 et jeudi 12 juin de 16 à 19h00.

Homélie : À-Dieu à André du 13/06/2025 à Corroy-le-Château

Jn 13, 1-15 Évangile du Lavement des pieds

Avec ce passage de l’évangile selon saint Jean, nous voici directement plongés dans l’ambiance du Jeudi saint et de la dernière Cène. Ils sont treize à table. Douze hommes, dont un traître, entourent un personnage qui les fascine depuis trois ans déjà. Ils ont tout lâché pour le suivre sur les routes de Palestine dans un parcours plus d’une fois chaotique et ils ne sont pas au bout de leurs sur-prises et de leurs peines. Que cherchent-ils? Le sa-vent-ils seulement? L’un d’eux lui avait affirmé: «À qui irions-nous? Tu as les paroles de la Vie éternelle.» Demain, le même disciple le reniera trois fois. Aujourd’hui, ils sont là, éberlués de voir leur « Seigneur » et « Maître » nouer un tablier et leur laver les pieds dans un grand silence. «Compre-nez-vous ce que je viens de faire? leur demande-t-il. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous.» Une phrase qui résonne avec une autre qu’il prononcera un peu plus tard: «Vous ferez cela en mémoire de moi.» Quand il a rompu le pain et fait passer la coupe, instaurant la communion entre Dieu et l’homme, entre les hommes eux-mêmes.

C’est à la table de la dernière Cène que se fonde le sacerdoce dans ses deux dimensions: l’une verti-cale, l’autre horizontale.

La première fait que le prêtre donne le sacré – ce que signifie le mot « sacerdoce » –, il relie ses frères à Dieu – ce que signifie le mot « religion » –, il est là pour donner à ses frères le pain de Dieu, son pardon, sa vie. Quelle responsabilité! Plus que chaque chrétien, le prêtre mesure la vérité des mots qu’il prononce à chaque messe: «Seigneur, je ne suis pas digne.»

L’autre dimension du sacerdoce, horizontale, con-duit le prêtre vers ses frères pour se mettre à leur service. Si le prêtre est malgré tout revêtu d’une certaine autorité, depuis le Jeudi saint, il doit pen-ser et vivre cette autorité non pas en termes de pouvoir, mais en termes de service.

André a été ordonné prêtre il y a 59 ans, en 1966. Il était entré au séminaire 6 ans plus tôt. On était en plein dans les golden sixties. Le bien-aimé Jean XXIII avait déclenché la tempête du concile Vatican II. À cette époque, l’Église était encore une institution puissante, influente et respectée. Le mot « hiérarchie » avait tout son sens et tout son poids. On pouvait faire une carrière appréciable dans l’Église, à différents niveaux, avec l’assu-rance de recevoir honneurs, prestige et courbettes.

Notez que 60 ans plus tard, il y en a que ça titille encore…

Ce n’est pas dans cet esprit qu’André est devenu prêtre. Sur son souvenir d’ordination, on peut lire: « André Férard, prêtre au service du peuple de Dieu ». C’est ainsi qu’il ressentait sa vocation. Ce n’est pas le Christ Roi triomphant qui fascinait le jeune André, mais bien le Jésus du Jeudi saint, courbé aux pieds de ses disciples. André a été fi-dèle à sa vocation de service tout au long de sa vie. Les honneurs ne l’ont jamais chatouillé, pas même quand on lui a servi du « Monsieur le doyen » en veux-tu en voilà. Et il est redevenu simple curé, au ras de ses paroisses, poursuivant son ministère avec dévouement et humilité.

Lui seul aurait pu dire le nombre de parents, jeunes et moins jeunes, qu’il a accompagnés à l’oc-casion d’un baptême, et avec lesquels il s’est ré-joui.

Lui seul aurait pu dire le nombre de fiancés qu’il a reçus en vue de leur mariage: accueil sans chi-chis mais pas gnangnan non plus, conseils avisés, et la joie de célébrer l’amour de ces jeunes qui se lancent avec bonheur dans la vie à deux et pour la vie.

Lui seul aurait pu dire le nombre d’enterrements qu’il a célébrés dans nos trois paroisses, Boignée, Corroy, Tongrinne et ailleurs: l’occasion de parta-ger, avec une grande empathie la peine des fa-milles, les détresses et les incompréhensions. L’occasion d’aider les gens à progresser sur leur chemin de souffrance, parfois énorme, et cette exigence, très lourde, d’arriver à trouver les mots pour mettre un sens sur ce qui n’en a parfois pas du tout.

Sans compter les rendez-vous hebdomadaires du dimanche avec les fidèles, moments privilégiés de partage et de communion, où chacun peut se res-sourcer, le prêtre y compris.

Sans compter tous ses autres engagements en de-hors des paroisses, partageant çà et là ses paroles de réconfort, ses éclats de rire à n’en plus finir, ses exigences, ses indignations, son intransigeance pour la bonne cause, sa bonhomie, son amour des fleurs, sa tendresse souvent déguisée sous une pu-deur naturelle, son wallon.

Retraité à Éghezée en 2012, André ne s’est pas tourné les pouces. Service dominical dans le sec-teur. Aumônier des aînés des mutuelles chré-tiennes. Messes en wallon à gauche, à droite. Et aussi aumônier des Molons de Namur présents ici, une bande de joyeux rigolos, mais surtout une confrérie à pied d’œuvre pour venir en aide aux nécessiteux, selon leur devise Plaisir et charité.

Quand je promène les yeux sur les murs de cette belle église de Corroy, je me rappelle aussi les ef-forts acharnés qu’André a déployés afin de lui rendre sa beauté, nous laissant quelque chose de lui pour de nombreuses années.

Sur le souvenir d’ordination d’André, on peut lire aussi une autre phrase de saint Jean: «Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu de Jésus, nous vous l’annonçons.»

Mission accomplie, André! Avec brio. Repose en paix auprès de ton Seigneur

Jean-Pierre Poncin

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