Entre la fête de Pâques et celle de la Pentecôte est célébrée l’Ascension. C’est dans ce lien avec les deux fêtes qui l’entourent que l’Ascension peut être saisie comme un déploiement du Mystère pascal et ouvre à l’attente du don de l’Esprit-Saint promis par Jésus (évangile). L’Ascension marque une nouvelle manière pour le Christ d’être présent à son Église. Cet évènement invite à vivre la présence du Ressuscité sans pourtant le voir. C’est dans son absence apparente que désormais Jésus va manifester sa présence. Elle crée un «espace» laissé libre pour l’expression de la foi du croyant. Un signe en est donné, comme dans le passage des Actes: «Comme les Apôtres fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs» (première lecture). Dans la Bible on retrouve régulièrement l’image de deux personnages/témoins. Ainsi les deux chérubins sur l’Arche d’alliance conservée dans le Temple de Jérusalem. Ils symbolisaient, par un espace laissé libre entre leurs ailes déployées, la présence de Dieu (shekhina), «le saint des saints». C’est également le cas des deux hommes dans le tombeau vide, l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus (Jn 20, 12). Dieu laisse toute sa place à notre liberté, à notre foi.
Ainsi comprenons-nous mieux l’épître aux Hébreux: «Nous avons là un chemin nouveau et vivant que le Christ a inauguré en franchissant le rideau du Sanctuaire; or, ce rideau est sa chair» (deuxième lecture). Désormais la présence de Dieu est partout manifestée dans le ciel et sur la terre. Elle est maintenant dans le temple véritable, son Église dont nous sommes les pierres vivantes en même temps que son Corps. Le sacrement de l’eucharistie réalise alors en plénitude ce que signifie cette présence: le don de la vie de Jésus dans sa chair, la présence réelle et pourtant invisible, le pain du voyage qui permet d’aller jusqu’aux extrémités du monde pour témoigner… Ayant vécu l’Ascension du Seigneur, nous pouvons, comme les Apôtres, être «sans cesse dans le Temple à bénir Dieu». Mais ne nous trompons pas de Temple: les édifices de pierre ont cédé la place à tous ceux qui forment aujourd’hui le Corps du Christ.
© Missel des Dimanches 2022